Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Monday, July 23, 2012

Bandes riveraines du ruisseau Corbin

"Un an après la fondation du COBAVERCO
La revitalisation du ruisseau Corbin va bon train
Photo: Valérie Normandin, COBAVERCO
Bande riveraine exemplaire. La largeur respecte facilement les 3 mètres prévus par le règlement et on remarque la présence d’arbres.
Exploitant plus de 200 hectares de terres, Yves Barré est un important producteur agricole résidant à Saint-Damase. Le ruisseau Corbin traverse son terrain sur une longueur de 6 kilomètres. En 2009, lui et quelques voisins ont réalisé des travaux majeurs pour contrer les problèmes d’érosion qui affectaient leurs terres : des pans de la rive se décrochaient et tombaient dans le ruisseau, entraînant pour eux des pertes de sol et, par conséquent, une dégradation de l’eau.

Prenant conscience qu’il fallait remédier à la situation de façon durable, il a contacté par la suite le maire de Saint-Damase, Germain Chabot, pour essayer de trouver une solution. Monsieur Chabot, lui aussi producteur agricole, n’a pas été difficile à convaincre de l’urgence d’agir. Ainsi, au printemps 2011, ils fondaient avec d’autres agriculteurs de Saint-Damase le Conseil de Bassin Versant du Ruisseau Corbin (COBAVERCO) [1], un OBNL qui « vise à sensibiliser, informer et encourager les producteurs agricoles à poser des actions portant autant sur les pratiques agricoles durables que sur les mesures de protection des berges et des aménagements hydroagricoles dans le but d’améliorer la qualité de l’eau. » (Extrait du bulletin d’information Le Corbin, du Mont à la Rivière). Huit administrateurs siègent sur son conseil, tous producteurs agricoles. Le COBAVERCO est donc une initiative locale, émanant directement d’agriculteurs consciencieux et soucieux de la qualité de l’environnement.

Avec l’appui du programme Cultivons l’avenir, une initiative conjointe fédérale-provinciale, et de l’UPA, le COBAVERCO a pu embaucher Mme Valérie Normandin à titre de coordonnatrice pour faire avancer le projet. Détenant une maîtrise en Environnement et un bac en Géographie de l’Université de Sherboorke, Mme Normandin est originaire de l’Ange-Gardien où elle a pu côtoyer de près le monde agricole. Le COBAVERCO est un des rares comités de bassin versant à jouir des services d’une employée permanente, présente 5 jours par semaine, à l’Hôtel de Ville de Saint-Damase. À moins qu’il ne soit reconduit, son contrat prendra fin en 2014.

Un bassin versant important

Le bassin versant du ruisseau Corbin comprend en réalité deux cours d’eau, soit les ruisseaux Corbin et d’Argenteuil, alimentés par huit tributaires. Il recouvre 28,9 km2 et regroupe 73 producteurs agricoles. Il prend sa source dans le mont Rougemont pour terminer sa course dans la rivière Yamaska, dans le rang Bas-de-la-Rivière (tout près de Saint-Hyacinthe). Mais ce ne sont pas tous ces producteurs agricoles qui sont directement concernés par le ruisseau Corbin, car certains ne cultivent plus ou louent leurs terres. Par conséquent, c’est 60 producteurs qui sont véritablement concernés par la problématique du Corbin.

Dans ce bassin versant, 79 % de la superficie est en grandes cultures (maïs, soja) et 10,8 % en cultures maraîchères. On retrouve 398 bovins laitiers, 734 veaux, 60 500 poulets et 8970 porcs (selon les données de 2010). Par conséquent, les concentrations de phosphore total sont de quatre à huit fois supérieurs à la norme environnementale. Pour les nitrites-nitrates (résidus de l’azote), on observe des concentrations qui sont au-delà de huit fois supérieures à la norme. Pour ce qui est des coliformes fécaux et les matières en suspension, les cotes sont de « qualité douteuse » et de « mauvaise qualité » (données de 2010).

Photo: Valérie Normandin, COBAVERCO
Cette bande riveraine, tout à fait exemplaire, est aménagée en bordure d’un affluent du Corbin.
Le projet Piquets

Aucun inspecteur n’est chargé de faire respecter le règlement sur les bandes riveraines. Il appartient donc à chacun de s’en occuper. La responsabilité collective passe avant tout par une une responsabilité individuelle. C’est pourquoi au COBAVERCO on croit à une approche volontaire. Or, pour inciter les agriculteurs à protéger leur bande riveraine, des balises temporaires sous forme de petits drapeaux seront plantées là où devraient commencer la bande riveraine à respecter. Ces repères permettront aux producteurs de visualiser l’espace qu’ils doivent laisser intact en bordure de leurs terres. Au cours de l’été, le COBAVERCO plantera des pancartes chez les agriculteurs qui respectent leur bande riveraine afin de faire la promotion de pratiques agricoles durables. Ces panneaux vise un double objectif : montrer au public que plusieurs producteurs agricoles respectent déjà leur bande riveraine et inciter les autres producteurs à en faire autant. Actuellement, 75 % des producteurs agricoles respectent une bande riveraine d’au moins un mètre, mais un seul d’entre eux respecte une bande réglementaire de 3 à 4 mètres.

Des résultats à long terme

Valérie Normandin et Yves Barré croient à une approche volontaire et ils sont convaincus qu’en modifiant peu à peu les pratiques agricoles d’aujourd’hui, la qualité de l’eau de demain s’améliorera. Mais il faudra attendre encore une dizaine d’années pour constater les effets des interventions menées en 2012.

Note: [1] Il ne faut pas confondre « comité » de bassin versant et « organisme » de bassin versant. Les organismes de bassin versant (OBV) sont une initiative gouvernementale et sont regroupées en un réseau, le ROBVQ, créé en 2001. Les comités, quant à eux, sont issus d’initiatives locales et indépendantes. Ils disposent de moyens plus modestes que les OBV. Dans la MRC des Maskoutains, on retrouve d’autres comités de bassin versant, notamment ceux des ruisseaux Salvail, Mercier et des Douze."

Article écrit par Alain Charpentier publié dans Journal Mobiles ici: http://www.journalmobiles.com/spip.php?article370

Photo: Valérie Normandin, COBAVERCO
Exemple de travail d’entretien réalisé en 2009. La berge a été évasée pour prévenir le décrochement. Il faut maintenant planter arbres et arbustes pour retenir le sol.

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